Messe en Ut mineur O
Théâtre des Champs-Élysées • Paris • 24/06/2011
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Jérémie Rhorer poursuit son exploration mozartienne avec deux de ses oratorios les plus connus. Comme pour Idomeneo, l'orchestre est souvent séduisant, avec quelques moments superbes comme le début de la messe en ut mineur et des phrasés toujours pertinents. Mais ici aussi, le plateau vocal gâte l'ensemble. Prise individuellement, Sally Matthews a un engagement et un legato qui peuvent captiver. Son émission très sombrée, quasi ululée sur une perpétuelle voyelle "o ouvert", est cependant incapable de se combiner avec l'émission claire et précise de la mezzo Ann Hallenberg. Une mezzo sopranisante et une soprano "mezzoïsante", voilà une situation paradoxale qui perturbe bien des équilibres ! Sally Matthews couvre ainsi Ann Hallenberg dans leur duo Domine Deus. Ses paroles latines sont certes compréhensibles grâce à l'habitude que l'on en a, mais ses voyelles mal définies ne peuvent pas se combiner avec celles de ses partenaires. L'harmonie en souffre donc aussi.
Dans le trio Quoniam tu solus, les deux voix féminines et le ténor font entendre plus de son que de musique. Rainer Trost est assez empâté et ânonnant. Seule Ann Hallenberg serait musicalement juste et intéressante si elle n'était pas noyée sous les vagues sonores de ses deux comparses. Dans son Et incarnatus est, Sally Matthews est intense, mais au prix de pressions excessives et d'un placement uniforme dans un moule de "o ouvert".
Les interventions des solistes masculins ne sont sinon pas suffisamment intéressantes pour que l'on puisse les commenter.
Dans les Vêpres, on souffre d'abord des réverbérations dures sur les parois latérales de la salle, puis elles s'atténuent, à moins que l'oreille ne s'y habitue ! Cette oeuvre hétéroclite vaut surtout pour son unique air, le fameux Laudate Dominum de la soprano.
La messe commence bien mais irrite ensuite de plus en plus. Un ténor du choeur ressort un peu trop dans le Cum sancto spiritu. Même le choeur et l'orchestre, jusque là satisfaisants, terminent sur un Hosanna in excelsis bien confus, pris dans un tempo qui dépasse peut-être leurs capacités.
À écouter le 6 juillet 2011 à 9h sur France-Musique.
Alain Zürcher