Amadis de Gaule
Opéra Royal • Versailles • 12/12/2011
Jérémie Rhorer (dm)
Marcel Bozonnet (ms) Natalie van Parys (chg) Antoine Fontaine (sc) Renato Bianchi (c) Dominique Bruguière (l) |
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Ce n'est pas ici mais à la ville qu'a été créé Amadis de Gaule en 1779. Anne-Pierre-Jacques Devismes, tout nouveau directeur de l'Académie Royale de Musique, en passe commande à Jean-Chrétien Bach, fils de Jean-Sébastien installé à Londres où il est célèbre. Il confie à son frère le soin de charcuter le livret écrit par Quinault pour Lully. Tiède alternative à la querelle des gluckistes et des piccinnistes, cette oeuvre ne rencontre pas de succès, et Devismes est bientôt démis de ses fonctions. Aujourd'hui encore, on ne peut qu'acquiescer aux critiques des contemporains : l'harmonie est "pure", le compositeur connaît son métier, mais s'il refuse le brillant italien, il manque tout autant de la chaleur et de la variété des passions peintes par Gluck.
Dans la fosse, Jérémie Rhorer et son Cercle de l'Harmonie semblent tirer le maximum de cette partition, qui n'en reste pas moins un peu lisse et pauvre. Sur scène, différents plans de toiles peintes sont magnifiquement reconstitués. Les costumes sont superbes, "courtisans" intemporels pour le choeur mais robe rouge vif pour Arcabonne ! Le choeur des chantres de Versailles est excellent, les danseurs sont élégants.
La mise en scène est très sage et inspirée de gestuellle baroque, appliquée à des degrés divers par chacun.
Le plateau vocal est homogène même si les qualités vocales de chacun sont différentes. Philippe Do, qui aborde maintenant les grands rôles du répertoire, impose son émission claire et franche et réussit son dernier air bien vocalisant. Hélène Guilmette est une séduisante Oriane. En Arcalaüs, Franco Pomponi a une émission trop brute qui rappelle le timbre de Nicolas Rivenq mais qui fatigue vite. Allyson McHardy veut peut-être rendre Arcabonne trop méchante? Elle assombrit sa voix au prix de tensions néfastes et au détriment du texte. à la fin du deuxième acte, un joli solo de soprano aiguë (Julie Fuchs?) est le seul air applaudi de la soirée - et il le mérite.
Une intéressante redécouverte qui nuance le tableau musical européen de l'époque !
À voir à l'Opéra Comique du 2 au 8 janvier 2012.
Alain Zürcher