Extraits de Thaïs C
Opéra Comique • Paris • 07/12/2012
|
Présenté comme un concert de Nathalie Manfrino et Markus Werba, ce programme nous offre bel et bien une version condensée de Thaïs de Massenet, comme naguère EMI a fait tenir sur un CD bien les "plus belles pages" de bien des opéras français. Plus que les chanteurs, c'est d'ailleurs l'orchestre que nous admirons ce soir, sous la direction de Laurent Campellone, qui réussit conjuguer grande honnêteté et grande inspiration. Comme les orchestres régionaux invités il y a quelques années au Châtelet, l'Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire "monte à Paris" pour clôturer en beauté la Onzième Biennale Massenet organisée par l'Opéra Théâtre de Saint-Étienne.
En ouverture nous sont offertes non pas une mais des Visions écrites entre autres pour "électrophone" (une ébauche d'instrument électrique de l'époque !) par Massenet. Le même thème diablement efficace sera répété et développé à l'infini pendant tout l'opéra. Les deux moments orchestraux de la Méditation de Thaïs et de la Course dans la Nuit sont splendides.
Le moine fanatico-lubrique et la courtisane béatifiée sont incarnés avec justesse par Nathalie Manfrino et Markus Werba. Sur un plan purement vocal, le bilan est plus mitigé. Markus Werba se départ peu à peu des grimaces visant à donner plus d'ampleur à sa voix (lèvres tubées, front plissé...), mais cravate quand même toujours beaucoup. Il bombe le torse en respirant bien haut, avec une secousse des épaules. Nathalie Manfrino aussi a une respiration haute, mais surtout une posture penchée en avant, qu'elle compense en levant la tête, ce qui lui casse la nuque et ne contribue pas à une bonne connexion de sa voix à son corps. Est-ce pour cela que son grave sonne d'abord platement parlé, détaché des harmoniques de son timbre chanté? Ses aigus sont souvent émis un peu larges et par en-dessous. C'est dommage, car sa voix montre toujours en filigrane la chaleur si humaine et attachante qui était la sienne en Roxane.
Alain Zürcher