Belshazzar O
Salle Pleyel • Paris • 18/12/2012
William Christie (dm)
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On ne peut pas reprocher grand chose à ce concert, à part d'être parfaitement ennuyeux. La faute n'en est pas aux interprètes mais à l'oeuvre. Fondée sur un livret signé Jennens comme le Messie, d'un effrayant fanatisme religieux bien-pensant, elle est musicalement d'une remarquable platitude démonstrative. Après un premier acte d'exposition, souvent assommant chez Haendel même à l'opéra, le second acte est un peu plus dramatique mais également amusant avec la scène d'ivresse de Belshazzar et l'apparition mystérieuse d'une main traçant des caractères (à quand la version scénique?), mais le troisième acte retombe, puisque tout se termine bien pour les gentils. Vive les méchants, les sorcières, le désir et la perversité ! Vive les horribles Alcina aux suaves enchantements ! Tout sauf cette tiédeur puritaine, froidement cruelle pour ses opposants. (Les islamistes n'ont rien inventé.)
Si les airs des solistes sont tous pléonastiques, l'écriture des choeurs est beaucoup plus complexe, variée et originale. Les Arts Florissants y sont magnifiques. Sans doute est-ce l'intérêt de l'oeuvre, mais peut-être pourrait-on donner en une heure un montage de tous ces choeurs, en nous dispensant des airs et récits solistes? Les chanteurs solistes ne déméritent pourtant pas. Avec une longue carrière derrière elle, Rosemary Joshua chante toujours bien, comme Caitlin Hulcup. Iestyn Davies allie legato, souplesse et richesse de timbre. Jonathan Lemalu n'a pas une voix très belle mais campe bien son personnage. Allan Clayton bouche un ou deux aigus mais est brillant dans le médium.
Alain Zürcher