Véronique Gens (Mozart) C
Opéra Royal • Versailles • 05/02/2013
Christophe Rousset (dm)
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Grande mozartienne, Véronique Gens mêle un extrait de Cosi fan tutte à des airs de concert, alternativement plus dramatiques ou plus vifs et courts. Pas en grande forme ce soir, elle trouve plus d'aisance dans l'air de Cosi, malgré ses graves périlleux à relier avec le médium. La voix de Véronique Gens est alors plus concentrée sur des paroles non élargies en bouche, avec à la fois des harmoniques plus "hauts" et un ancrage plus bas du souffle et du corps.
Au début de son programme, une certaine tension vers le haut de son corps nuisait à la liberté et à la plénitude de son timbre, de ses aigus et même de son phrasé, elle qui est souvent si séduisante justement par le flux crémeux de sa voix qui coule sensuelle et détendue.
On peut aussi remarquer que devant une légère méforme, la tendance naturelle d'un chanteur est souvent d'en faire plus, mais en bouche ou en gorge, avec des sons trop larges mais insuffisamment énergisés, des sons trop ouverts qu'il faut du coup trop couvrir dans l'aigu, au risque de les boucher. Quand Véronique Gens adopte la démarche inverse d'amincir son texte mais en l'inscrivant dans un schéma vertical lui aussi mince mais très ancré, le résultat est d'emblée plus convaincant.
L'orchestre s'avère de bout en bout très crédible dans Mozart, avec une belle couleur chaude et boisée. Seuls quelques aigreurs des violons et quelques décalages dans les mouvements vifs ou les sforzando dénoncent l'absence d'une perfection d'ensemble germanique.
Les symphonies choisies ne sont certes pas des découvertes. La 40ème est très bien conduite mais ne fait rien entendre de neuf. Dans la 29ème, Christophe Rousset excelle par contre à mettre en évidence la vocalité de l'écriture. Sa direction est toujours très lisible, exposant clairement l'architecture des oeuvres. Ici, c'est un véritable opéra qu'il nous fait entendre : air, duo, trio, deuxième mouvement nocturne, finale d'acte ou scène de tempête où le sort du héros est suspendu... à l'écoute, on n'a plus que les paroles à imaginer !
Les bis ne sont pas l'occasion d'une prise de risque : à un charmant "Voi che sapete" succède une reprise de "Chi sà, chi sà", mieux concentré et donc plus efficace dans sa vivacité retrouvée.
Alain Zürcher