Hampson/Pisaroni R
Théâtre du Châtelet • Paris • 05/06/2014
Wolfgang Amadeus Mozart - Le nozze di Figaro : Jules Massenet -
Hérodiade : Charles Gounod -
Faust : Giuseppe Verdi -
Don Carlo : Gioachino Rossini -
Le siège de Corinthe : Ambroise Thomas -
Hamlet : Gioachino Rossini -
Semiramide : Giuseppe Verdi -
Macbeth : Vincenzo Bellini -
I puritani : |
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Vingt ans après ses récitals avec Samuel Ramey, Thomas Hampson s'inspire du même programme et invite Luca Pisaroni à le partager. Ce dernier est proche de lui physiquement et vocalement, d'ailleurs c'est aussi son gendre ! Luca Pisaroni, interprète de référence de Leporello ou Figaro, chante ce soir des extraits de ses rôles de prédilection, où il nous offre l'image d'un Hampson jeune et charmeur. Cela se gâte ensuite quand il se risque à des rôles trop lourds pour lui, émis de manière trop cravatée et en semblant entraîné par le forçage vocal désormais nécessaire à son aîné, mais dont lui pourrait encore se passer. Il grossit cependant moins Rossini en italien qu'en français. L'attendu "Suoni la tromba" clôt en beauté ce récital, comme jadis ceux d'Hampson et Ramey, avant un bis volubile tiré de Don Pasquale.
Thomas Hampson force des sons ouverts, en pression sur une trame vocale qui a perdu de sa souplesse et de sa richesse, et donc tout lyrisme. Son ancien tube "Ô vin, dissipe la tristesse" ne fonctionne plus du tout. Tous deux jouent intensément leurs airs et duos, mais au lieu de compenser leurs faiblesses vocales, cela accentue plutôt le caractère artificiel et forcé de performances très "américaines", où la simplicité, l'humilité et le sentiment sincère n'ont aucune place.
Le public aurait-il anticipé cette déception? Alors qu'il se presse ordinairement en foule aux récitals des stars vieillissantes, il ne remplissait pas ce soir la moitié de la salle du Châtelet. On espère que peu de chanteurs en herbe étaient dans la salle, car l'imitation jusqu'à cette émission forcée d'un modèle admiré est le pire des risques pour un jeune chanteur, qui le privera peut-être à jamais de son véritable timbre, de la souplesse d'émission et de la richesse de couleurs qui doivent rester l'apanage naturel de la jeunesse.
Alain Zürcher