Weihnachts-Oratorium O
Théâtre des Champs-Élysées • Paris • 20/12/2014
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Ce concert est l'occasion de découvrir le magnifique Julian Prégardien, fils de son père qu'il ne fait pas regretter ! S'il se fait judicieusement une spécialité de Bach et des ténors légers du répertoire baroque et mozartien, il a déjà enregistré un beau programme de Lieder. Son air "Frohe Hirten" est libre, facile, naturel, bien vocalisant comme bien soutenu, comme ensuite "Nun mögt..." en dernière partie, malgré le faible niveau instrumental des hautbois.
À ses côtés, le contre-ténor Damien Guillon nous régale de son timbre chaud et de phrasés très bien conduits, dans son air "Schlafe" aux belles tenues, puis même quand il est accompagné, dans la troisième cantate, par un violon solo mal assuré et peu engagé.
Katherine Watson est par contre inconsistante et tend ce soir vers l'éraillement. Peu posée dès son premier récit, elle tend la tête vers le haut et vers l'avant, ce qui fait monter et fragilise son larynx. Criaillante dans la dernière cantate, elle semble n'avoir aucune notion de soutien vocal, ce qui met sa santé vocale en danger, mais on l'espère en simple méforme passagère ! Matthew Brook est une basse bonhomme, qui couvre un peu trop ses aigus (de [a] vers [o]) dans son air "Grosser Herr".
À l'orchestre, l'introduction initiale du choeur "Jauchzet" est précipitée. Sa verticalité le prive de ligne mais n'améliore pas pour autant sa précision. à l'inverse, la sinfonia de la deuxième cantate est poussive, lente et peu structurée, sans plans différenciés, et les hautbois da caccia sont à la peine. En dernière partie, le postlude instrumental de l'air de soprano "Nur ein Wink..." est déroulé de manière linéaire et approximative, sans aucun phrasé. à la fin de l'oeuvre, les trompettes sont catastrophiques mais s'améliorent en bis. Bref, on a connu les Talens Lyriques et Christophe Rousset en bien meilleure forme !
Le choeur catalan du Palau de la Música de Barcelone est clair et incisif de diction. On s'étonne de peu entendre ses basses, peut-être défavorisées par l'acoustique de la salle?
Alain Zürcher