Stabat Mater de Dvorak O
Théâtre des Champs-Élysées • Paris • 12/02/2015
|
Le Théâtre des Champs-Élysées nous donne à découvrir le beau Stabat Mater de Dvorak, récemment enregistré par Philippe Herreweghe.
Ce dernier place les solistes au centre du plateau, entre orchestre et choeur. Ainsi placés au coeur de la musique, ils émergent moins facilement cmme solistes mais l'ensemble gagne en fusion.
Les timbres des instruments d'époque de l'Orchestre des Champs-Elysées sont chaleureux et séduisants. Le Collegium vocal de Gand est excellent. La battue de Philippe Herreweghe semble imprécise, mais ses interprètes doivent y être habitués, car le résultat reste assez clair pour une oeuvre dont l'écriture n'est pas limpide.
Dvorak composa une première version - pour quatre solistes, choeur et piano - de son Stabat Mater début 1876, peu après le décès de sa fille Josefa deux jours après sa naissance. Il reprend son manuscrit après la mort de ses deux autres enfants à la fin de l'été 1877. Le succès quasi immédiat de cette oeuvre pour solistes, grand choeur et orchestre l'a hissé parmi les plus grands compositeurs de musique sacrée dans le monde et l'a imposé notamment en Grande-Bretagne, pays où sa gloire n'allait plus se démentir.
Le quatuor de solistes convainc d'abord, avant de décevoir ponctuellement. Florian Boesch a une émission solide, presque trop. il est vrai que Dvorak lui confie de vigoureux accents dans "Fac ut ardeat". Dans son "Fac me vere", Magnus Staveland a une émission comme "enrhumée", poussant vers le haut des aigus plaintifs et coincés avec une sonorité nasale. Dans le duo "Fac ut portem", son émission peu concentrée s'accorde mal avec celle d'Ilse Eerens, plutôt serrée. Convaincante jusque là, Renata Pokupic déçoit dans son solo "Inflammatus", un peu ampoulé.
Alain Zürcher