Les Mousquetaires au Couvent
Opéra Comique • Paris • 17/06/2015
Choeur Les Cris de Paris
Orchestre symphonique de l'Opéra de Toulon Laurent Campellone (dm) Jérôme Deschamps (ms) Glyslein Lefever (chg) Richard Peduzzi (d) Vanessa Sannino (c) Marie-Christine Soma (l) |
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Jérôme Deschamps a choisi la sécurité pour clôre ses dix ans à la tête de l'Opéra Comique : il avait monté ces Mousquetaires à Lausanne en décembre 2013. Cette production gaie et colorée, qui ne refuse pas la convention et ajoute aux dialogues les quelques clins d'oeil contemporains de rigueur, est parfaitement adaptée à une oeuvre agréable et efficace, où il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. Toute la machinerie Deschamps fonctionne à merveille, servie par quelques-uns de ses fidèles comédiens et par un jeune et talentueux plateau vocal. La parodie du ballet classique et du grand opéra est un thème supplémentaire exploité ici par Jérôme Deschamps.
Grand homme de théâtre, Jérôme Deschamps a prouvé, en dix années à la tête de l'Opéra Comique, qu'il était aussi un très grand directeur, réussissant un équilibre parfait entre opérette, opéra comique, opéra baroque et création, insufflant surtout une ambiance de théâtre qui donnait toujours envie de venir et de revenir, de se joindre à l'aventure. Espérons qu'Olivier Mantei renouvellera cet esprit après la fermeture pour travaux de la saison prochaine.
La seule faiblesse de la soirée consiste en l'étrange émission de Brissac, poussant et ouvrant une voix "parlée" au lieu de chanter avec la brillance attendue ses airs si pleins de vaillance et de panache. Est-ce une approche volontaire, plus "comédie musicale"? On espère que l'émission de ce soir résulte d'une indisposition passagère, car on imagine mal un chanteur conserver sa voix de longues années en chantant ainsi, et l'absence d'harmoniques (du formant du chanteur) est très frustrante pour les oreilles des auditeurs. Son compagnon Gontran (Sébastien Guèze) séduit davantage mais devrait aussi manifester quelque prudence. Il surprend alternativement par des éclats presque trop claironnants, sans doute lancés dans un souci de caractérisation et de parodie de ténor de grand opéra, et par des passages plus doux qu'il a plus de mal à timbrer. Il serait dommage qu'il ne soit dans quelques années plus capable de chanter que forte !
Franck Leguérinel trouve en abbé Bridaine un emploi idéal pour sa verve comique, sans que ses moyens vocaux soient jamais pris en défaut. Tous les rôles féminins sont superbement tenus et bien caractérisés.
L'écriture simple et efficace de Louis Varney fait se succéder de courtes pages de tempo et de rythme différents. En cela, la construction de son oeuvre et sa qualité d'inspiration ne sont pas éloignées de celles de Maria Stuarda de Donizetti, que l'on peut apprécier parallèlement au théâtre des Champs-Élysées.
À voir jusqu'au 23 juin à l'Opéra Comique.
Alain Zürcher