Depuis 2014, le festival Terpsichore, fondé par Skip Sempé, est une des rares occasions d'entendre de la musique de la renaissance à Paris, qui plus est dans de superbes lieux. L'historique salle Érard fait d'ailleurs l'objet non seulement de concerts mais aussi de visites à l'occasion des Journées du Patrimoine. Un magnifique programme à trois violons, Venezia da camera, y a été donné le 16 septembre.
Comme chaque année, Skip Sempé invite d'autres ensembles, ce soir l'excellent ensemble vocal italien La Compagnia del Madrigale. S'il s'est d'abord concentré sur le madrigal italien, il apporte ce soir sa belle vocalité et sa clarté vocale au répertoire élisabéthain. Luca Marenzio, avec I will goe dye for pure love et Shall I live so far distant, permet de faire le lien entre ces deux univers. Plusieurs de ses madrigaux de jeunesse ont en effet été publiés en Angleterre dès 1588 dans le recueil de Nicholas Yonge Musica transalpina, et ont grandement influencé les compositeurs anglais.
Si le timbre acidulé de Rossana Bertini se remarque tout de suite, toutes les six voix sont parfaitement différenciées, permettant de goûter la polyphonie par exemple du superbe Christe qui lux de Byrd. Les Cries of London de Richard Dering, plus populaires d'inspiration, le sont aussi d'émission vocale. La voix très pleine et ancrée d'Elena Carzaniga y fait merveille - elle ne serait pas déplacée dans Sweeney Todd !
Consorts de claviers, de flûtes et de violes ont rythmé la soirée. Après l'entracte, les pièces du Gradualia I de 1605 sont chantées en hauteur depuis une galerie, ce qui fond agréablement les voix. On apprécie d'autant mieux l'architecture du temple depuis sa restauration, suivie par celle de son orgue Cavaillé-Coll.
Un dernier concert célèbre avec des Cantates et Concerti le 250ème anniversaire de la mort de Telemann, jeudi 12 octobre à 20h30 à l'Église Saint-Thomas d'Aquin.
Alain Zürcher