Les Contes d'Hoffmann
Volksoper • Vienne • 10/05/2018
Orchestre et choeur du Volksoper
Chef de choeur : Thomas Böttcher Gerrit Prießnitz (dm) Renaud Doucet (ms,chg) André Barbe (d,c) Guy Simard (l) |
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Le Volksoper de Vienne propose une belle production des Contes d'Hoffmann d'Offenbach. Conformément à la politique de la maison, l'ouvrage est chanté en allemand, à l'exception de quelques airs considérés comme "hors contexte", conservés en français, par exemple l'air d'Olympia. Les récits sont entièrement chantés, là aussi à une rare exception près, où la voix parlée a été préférée pour des raisons dramatiques. La versionn proposée est loin d'être la plus authentique, puisqu'on y retrouve J'ai des yeux de Coppelius et Scintille diamant de Dapertutto. Sur les différentes versions de l'oeuvre, on lira avec profit le résumé de Christian Peter.
Chantée en allemand, l'oeuvre sonne étonnamment plus idiomatique, dans son élément, moins lourde et vulgaire que souvent. Sans doute faut-il aussi louer la direction tonique mais souple, à la belle construction d'ensemble, de Gerrit Prießnitz à la tête de l'orchestre du Volksoper.
Visuellement, la production est inventive et séduisante. Chaque acte a son climat propre, avec une mention particulière pour l'univers "steam-punk médiéval" d'Olympia, et la belle scène de l'apparition de la mère d'Antonia en diva sur piano à queue, après l'effrayante incarnation d'un Dr Miracle aux oreilles pointues et aux longs doigts crochus. L'acte de Venise aussi propose de belles images, avec ses filles légères à califourchon sur des gondoles et ses choristes engloutis au fond de la lagune. Excellents choristes d'ailleurs !
Si les quatre rôles féminins sont tenus par quatre chanteuses différentes, Josef Wagner incarne les quatre méchants avec mordant, de manière très convaincante. Pendant l'ouverture, il intervient même en diable venant interrompre l'orchestre pour rappeler les deux incendies qu'il a déclenchés autour de cette partition : celui du Ringtheater à Vienne en 1881 avant la deuxième représentation de la création viennoise, et celui de l'Opéra Comique de Paris en 1887, pendant une représentation de Mignon, qui emporte avec lui le matériel d'orchestre des Contes d'Hoffmann. Ce dernier incendie est en partie responsable du siècle d'oubli de l'acte de Giulietta avant sa reconstitution suite à plusieurs redécouvertes de partitions. L'intérieur d'un théâtre brûlé sera donc la base des décors de chaque acte.
Hoffmann est également très bien chanté par la voix claire de Mirko Roschkowski, qui n'est étrangement nasale que quand il chante en français son air du quatrième acte. Elisabeth Schwarz est une amusante Olympia au français correct en dehors de l'aigu. Après le français moyen de Çigdem Soyarslan en Antonia (Elle a fui et le duo C'est une chanson d'amour étant conservés en français), Ursula Pfitzner est plus approximative en Giulietta, ayant apparemment perdu son soutien en chantant des rôles trop lourds pour elle, et poussant dès lors sa voix en expiration. Alexander Pinderak est excellent en ténor de caractère, ainsi dans son air qui sonne particulièrement bien en allemand, Es ist die Methode !
Le beau final est superbement chanté.
Alain Zürcher