Into the little hill
Théâtre de l'Athénée • Paris • 19/04/2019
Ensemble Carabanchel
Alphonse Cemin (dm) Jacques Osinski (ms) Yann Chapotel (v,sc) Hélène Kritikos (c) Catherine Verheyd (l) |
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Avant la création française de Lessons in love and violence à Lyon, toujours sur un livret de Martin Crimp, l'Athénée accueille la première reprise française de Into the little hill, première ébauche d'opéra de George Benjamin créée en 2006 à l'amphithéâtre de l'opéra Bastille - dont on peut voir une captation vidéo.
Comme dans Written on skin créé en 2012, les personnages de Martin Crimp parlent d'eux-mêmes à la troisième personne, à la fois fois incarnés et distanciés. Élise Chauvin et Camille Merckx les jouent tous, dans une recherche ce soir plus vocale et polyphonique que dramatique. En ouverture, la pièce de jeunesse Flight pour flûte seule prépare à cette abstraction. Si la déclamation anglaise des interprètes ne bouleverse pas, l'oeuvre séduit et envoûte quand les voix et surtout les vents se mêlent. D'abord facile mais dense, elle demanderait plusieurs écoutes.
Le livret adapte la légende médiévale du joueur de flûte de Hamelin, en une parabole reflétant de manière inquiétante l'actuelle montée du populisme. C'est ici un homme politique qui cède à la haine de son peuple contre les rats pour se faire réélire, quand lui-même n'a rien contre ces bestioles - que l'on rapporte d'ailleurs avoir été vues habillées comme des hommes, portant un bébé dans leurs bras... Comme dans le conte, il ne paie pas ensuite la somme promise, et son propre enfant disparaît. La vidéo de Yann Chapotel, qui a permis une gamme d'effets efficace, poétiques ou symboliques, devient ici hyper-réaliste, nous faisant plonger en "réalité virtuelle" dans les entrailles de la terre, où nous finissons par retrouver les rats précédemment éliminés !
À la tête d'un ensemble convaincant, Alphone Cemin déploie les qualités de clarté qu'on lui connaît au piano.
Du 11 au 20 avril 2019 au Théâtre de l'Athénée.
Alain Zürcher