Lecocq et Barbier

Les Bouffes de Bru Zane nous font redécouvrir deux nouvelles pièces en un acte, qui représentaient les deux tiers de la production lyrique française de l'époque romantique, où elles étaient données en complément d'oeuvres plus longues.

Ces deux pochades sont servies de manière toujours aussi désopilante par Lara Neumann et Flannan Obé, les meilleurs spécialistes de ce répertoire qui réclame l'abattage de comédiens-chanteurs. De pièce en pièce, ils ont pris l'habitude de dédoubler leur jeu en ajoutant des commentaires parlés, des digressions, du "théâtre dans le théâtre", des aparte à un ou à deux, qui ajoutent un second degré à l'oeuvre d'origine, à la manière des chanteurs comiques qui commentaient leurs couplets en voix parlée.
Les histoires sont loufoques, les mélodies aussi simples que les jeux de mots (du genre "cui cui" / "poulet cuit" !), pour un résultat sans prétention mais très efficace !

Parmi les moments d'anthologie, la scène de la bretelle ("J'ai cassé ma bretelle, l'aventure est cruelle" !) et celle du maquillage, dont l'air "Fichons-nous-en" illustrerait difficilement une publicité. Quand au grand air d'amour, il devient "Je t'aime autant que la sauce blanche, autour du chou-fleur bien farci" !

Le décor minimaliste relève du théâtre de tréteaux, et l'orchestre est ce soir réduit par Pierre Cussac à un accordéon, traité comme un personnage qui fusionne l'instrument et l'instrumentiste, parfois déplacé avec lui sur sa chaise pour les besoins de la mise en scène. Salutaire impertinence !

Du 21 au 23 juin 2019 au Studio Marigny.

Alain Zürcher