Écoutes de Spectacles

Die Zauberflöte

 • Vienne • 29/05/2004
Orchestre et choeurs du Staatsoper
Julia Jones (dm)
Marco Arturo Marelli (ms,d,l)
Dagmar Niefind-Marelli (c)
Tamino  :  Will Hartmann
Sarastro  :  Kurt Rydl
Pamina  :  Genia Kühmeier
Papageno  :  Hans Peter Kammerer
Papagena  :  Ileana Tonca
Monostatos  :  Benedikt Kobel
Die Königin der Nacht  :  Milagros Poblador
Der Sprecher, le 2ème prêtre  :  Peter Weber
Le 1er prêtre  :  Peter Jelosits
Le 1er homme d'armes  :  Arnold Bezuyen
Le 2ème homme d'armes  :  Johannes Wiedecke
La 1ère dame  :  Ildiko Raimondi
La 2ème dame  :  Elina Garanca
La 3ème dame  :  Daniela Denschlag
Les 3 enfants  :  Wiener Sängerknaben


photo © Staatsoper Vienne

Marco Arturo Marelli, le metteur en scène de l'efficace Don Giovanni du Volksoper, a signé en 2000 cette production que l'on croirait dater des années 80. Particulièrement laide et ringarde dans ses décors, ses costumes et ses lumières, elle ne brille pas non plus par sa direction d'acteurs approximative et convenue - du moins dans ce qu'il en reste après quelques années de reprises. Les décors et costumes noir et blanc sont en outre salissants et vieillissent donc mal.
La Reine de la Nuit apparaît dans une "Arche de la Défense" de plus, aux faces internes couvertes de graffitis comme une prison ou une station de métro - qui se révèlent ensuite être des formules mathématiques.
Un Monostatos de carnaval, noir comme il se doit, au costume cheap, apparaît tenant attachée par une corde Pamina en robe blanche. Cela ne va pas au-delà du cliché, sans surenchère ni distanciation.
Quand Tamino joue de la flûte, des hommes à tête d'animaux arrivent, en un effet assez provincial.

Julia Jones choisit des tempi d'un autre âge et une articulation sans nerf, qui achèvent d'enterrer cette production. L'ouverture, quoiqu'excellente, est déjà un peu routinière. La lenteur frappe particulièrement dans le duo Pamina-Papageno. On remarque de nombreuses imprécisions et de légers décalages dans les ensembles, entre chanteurs comme entre plateau et fosse. Julia Jones semble suivre particulièrement peu les chanteurs.

Les aigus de Genia Kühmeier sont d'abord un peu bouchés par sa langue et poussés. Son vibrato est alors instable. Malgré un tempo mortel, son "Ach ich fühl's" est très beau.

Will Hartmann, qui a annulé son Pelléas du 27 juin, est ici d'abord peu à l'aise scéniquement et rencontre des problèmes d'aigu dans "Dies Bildnis".

Kurt Rydl respire n'importe où dans "O Isis". Il est accompagné par un choeur affreusement vêtu en blanc avec quelques rayures grises. Il chante par contre superbement "In diesen heiligen Hallen".

Les trois dames sont un peu miaulantes mais bonnes. Les excellents enfants des Wiener Sängerknaben sont le meilleur élément de la représentation.

Milagros Poblador, d'abord simplement correcte, s'affirme comme une vraie colorature dramatique dans "Der Hölle Rache", malgré quelques problèmes de changement de registre à la fin de l'air.

L'acoustique de la salle est bonne quoique dure. Cette dureté aide cependant les chanteurs à passer l'orchestre.
Les sous-titres individuels (au dos du siège de devant) offrent les récitatifs et les airs en anglais, mais seulement les airs en allemand.
Étant donné le nombre de touristes souhaitant assister à la Flûte Enchantée à Vienne, cette oeuvre est hélas assurée de remplir la salle du Staatsoper. Le public, particulièrement bruyant, voire odieux, applaudit d'ailleurs systématiquement tous les airs avec un temps de retard, comme s'il attendait d'être sûr que l'air est bien fini. Aux saluts finaux, la chef d'orchestre et tous les protagonistes sont très applaudis par ce public satisfait. Pourquoi changer une recette gagnante? Le prix des places, qui a dû inspirer Gérard Mortier pour ses nouveaux tarifs du Palais Garnier, est donc certainement justifié.