Écoutes de Spectacles

La Poule Noire / Rayon des Soieries

Péniche Opéra • Paris • 13/01/2006
Mireille Larroche (ms)
Nicolas de Lajartre (sc)
Danièle Barraud (c)
Philippe Grosperin (l)
Constance; Colette  :  Sarah Vaysset
Madeleine; La Reine des Îles  :  Edwidge Bourdy
Monsieur Lajoie; Monsieur Loyal  :  Lionel Peintre
Berbiqui; Le Garçon d'Ascenseur, Ben Gazou Gazou  :  Yves Coudray
Gaston  :  Marc Mauillon

Le spectacle Ô bonheur des Dames ! de la Péniche Opéra réunit deux comédies-bouffes méconnues de Manuel Rosenthal. La Poule Noire a été composée en 1933 et créée à l'exposition universelle de 1937. Rayon des Soieries est une commande de 1930 des Galeries Lafayettes ! Chacune est donnée sur une des péniches, la scène étant à chaque fois dans le sens de la longueur, ce qui offre des possibilités d'espace et de déplacements plus riches.

Aucun problème pour entendre les voix dans cet espace restreint, d'autant que tous les interprètes passent avec aisance de la voix parlée à la voix chantée et sont aussi bons comédiens que chanteurs. Les deux oeuvres sont de même aussi brillantes par leurs passages parlés que musicaux. les répliques et rimes de Nino sont d'un humour à la fois élégant et décapant.

Sarah Vaysset est désormais une habituée de la troupe de la Péniche, que l'on voit avec plaisir accueillir Marc Mauillon, déjà apprécié à sa sortie du CNSM ou en Papageno. Lionel Peintre et Yves Coudray sont des cabots toujours aussi désopilants. Edwige Bourdy campe avec talent les deux personnages très différents de la bonne et de la Reine.

La Poule Noire est une épatante pochade où l'ironie est poussée à bout dans une alliance parfaite entre texte et musique. L'équipe de la Péniche a exploité l'oeuvre avec une formidable efficacité, exaltant le comique de chaque incarnation et de chaque réplique.

Rayon des Soieries est d'une unité moins évidente. Cette opérette inclut aussi de beaux passages tendres, comme l'air de la bague chanté par Gaston, où l'air où Colette raconte son amour à la Reine. Vocalement plus exigeante, elle rappelle souvent la couleur harmonique des oeuvres lyriques de Darius Milhaud mais n'est pas dépourvue de pastiches de styles variés.

Impossible enfin de ne pas citer les costumes de Danièle Barraud, qui combinent unité, variété et bien sûr gaieté... si l'on excepte le jubilatoire accoutrement "romantique" de Berbiqui réapparaissant en personnage sombre et désespéré à la Musset pour séduire Constance.

Un excellent moment !

À voir les 12, 13, 14, 19, 20, 21, 26, 27, 28 janvier et les 2, 3, 4 février 2006 à 20h30 à bord de la Péniche-Opéra.