Die Zauberflöte
Staatsoper • Berlin • 06/01/2007
Dan Ettinger (dm)
August Everding (ms) Fred Berndt nach Schinkel (d) Dorothée Uhrmacher (c) Franz Peter David (l) |
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On retrouve avec plaisir le Sarastro d'anthologie de Georg Zeppenfeld, déjà entendu deux jours auparavant au Komische Oper. C'est à peu près le seul point commun de ces deux productions ! Les décors et costumes sont ici inspirés d'une production berlinoise de 1816. La scène se trouve ainsi quelque part entre l'Égypte, l'Assyrie et l'Amérique précolombienne. Dans ce cadre kitsch orientalisant, la mise en scène ménage certes quelques clins d'oeil mais reste très sage.
Les animaux sont de vrais hommes déguisés en costumes de mousse. La scène où Papageno apaise Monostatos et ses sbires avec son Glockenspiel est très réussie avec simplicité : Monostatos qui le ligotait tourne dans le sens inverse et se ligote lui-même.
Les dialogues sont ceux de Schikaneder, et on s'aperçoit qu'ils fonctionnent toujours ! Seul Papageno rajoute une strophe à son air d'entrée. Roman Trekel est d'ailleurs le plus "comédien" des chanteurs de cette distribution, mais son Papageno est loin des clichés : s'il a bien son traditionnel costume de plumes et sa cage sur le dos, il est aussi jeune, élégant, mince, noble. C'est un adolescent timide aux gestes brusques qui évoque parfois Buster Keaton. Un Papageno idéal de spectacle pour enfants, et ils sont nombreux dans la salle à rire de bon coeur ! Il est vocalement correct, avec une émission un rien écrasée par la position un peu cassée de sa nuque. Son air "Ein Mädchen oder Weibchen" est très réussi. C'est aussi un air d'ivresse : il le chante assis sur un tonneau de vin que son Glockenspiel lui a procuré. Le dernier "Zurück !" lui aura été crié par tout l'orchestre. Les trois enfants font leur entrée suivante en descendant des cintres dans une nacelle bien poétique. L'arrivée finale des petits Papageno et Papagena est également très appréciée du public.
Les trois Dames chantent très bien à leur entrée puis se déconcentrent parfois un peu. Adriane Queiroz chante correctement son "Ach, ich fühl's" malgré la prononciation allemande empâtée du reste de son rôle.
Pavol Breslik est un excellent Tamino aux demies-teintes crémeuses dans le médium. Ses aigus sont émis plus en force avec un vibrato un peu excessif.
La Reine de la Nuit descend sur un croissant de lune, sur fond de nuit étoilée. Sa voix est handicapée par des tensions : de la langue reculée ou contractée? de la mâchoire? des joues trop creusées ou des lèvres? Son articulation sonne en tout cas très contrainte, son timbre non pas brillant mais empâté. Ses médiums sont grossis mais ses aigus sont très réussis.
Sprecher, prêtres et hommes d'armes chantent nettement moins bien, et moins bien ensemble, qu'au Komische Oper. Le choeur déploit moins de finesse, sonnant moins comme un choeur de chambre. De manière générale, le travail d'ensemble pourrait être plus approfondi.
L'orchestre est d'excellent niveau instrumental. Dan Ettinger prend l'ouverture dans un tempo d'abord très lent qui permet de détailler toutes les entrées, qu'il accélère heureusement par la suite. Le duo entre Pamina et Papageno sera à nouveau pris très lentement.
La fosse est en partie couverte pour ménager un passage des chanteurs entre l'orchestre et la salle, ce qui évite peut-être aussi au son d'être trop dur.
Alain Zürcher
La salle
Le parterre est surmonté de trois balcons. Les couleurs sont crème et or, avec un rose plutôt brique tapissant les fauteuils et plutôt saumon décorant les murs et le plafond. L'acoustique est excellente. Les fauteuils du parterre ne sont pas placés en quinconce, mais le plancher est heureusement un peu plus incliné qu'au Komische Oper. Le public est plus habillé et plus bourgeois qu'au Deutsche Oper. Il est aussi beaucoup plus bavard.