Auber, pour ou contre C
Opéra Comique • Paris • 28/01/2009
Solistes de l'Orchestre National de France
Bertrand Chamayou, piano |
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Comme à son habitude, l'Opéra Comique propose une série de manifestations autour de l'oeuvre centrale que constitue Fra Diavolo d'Auber. Colloque, lectures, mais aussi concerts, et même le génial film éponyme de Laurel et Hardy nous replongent dans l'atmùosphère de l'époque. On peut juste regretter l'absence d'un récital d'airs tirés des nombreux opéras inconnus d'Auber !
Le concert de ce soir présente des mélodies et duos de Berlioz et Rossini, ainsi que des pièces de musique de chambre de l'époque. On se réjouit que même en ce domaine, l'Opéra Comique puisse faire découvrir des oeuvres comiques, comme cette Ouverture du Vaisseau Fantôme arrangée par Hindemith "tel qu'un mauvais orchestre de casino la joue le matin à 7 heures dans la brume autour d'une fontaine thermale". Désopilant ! Pour rester dans le ton, les trois chanteuses de la soirée auraient pu jouer les émules de Florence Foster Jenkins, mais ont préféré chanter de belles mélodies de Berlioz et d'entraînantes pièces de Rossini, pour terminer quand même par un inévitable Duo des chats à trois voix.
Bertrand Chamayou met sa virtuosité au service de pièces alternativement sérieuses et comiques - tel ce Prélude prétentieux de Rossini, qui inclut naturellement une fugue tout aussi prétentieuse ! Moins excitant, un duo de Rossini pour violoncelle et contrebasse offre du moins le rare plaisir d'entendre ce dernier instrument en soliste. Beaucoup plus intéressant, le sextuor opus 110 de Mendelssohn est une belle découverte ! Il commence comme du Beethoven et se poursuit avec le brio d'un Rossini de vieillesse, dont on retrouve la vélocité en boucle de la main droite du piano. Il est étonnant de penser que le supposé sérieux Mendelssohn, l'ayant écrit à quinze ans en 1824, annonçait les brillantes facéties de Rossini après sa précoce retraite - à moins que tous deux aient décidément capté l'air du temps ! D'un romantisme bien plus lourdement sincère, l'arrangement par Liszt du Lied Auf Flügeln des Gesanges figure aussi au programme.
Vocalement, les trois chanteuses s'accordent et se complètent bien. Les respirations hautes d'Ingrid Perruche et Sophie Pondjiclis s'approfondissent au cours de la soirée. Tout en s'inscrivant dans une émission pourtant plus ronde, l'élocution de Sophie Pondjiclis est plus claire que celle de ses collègues. Dans les pièces de la Regata veneziana, tirées des Péchés de ma vieillesse, elle grossit juste quelques sons mal définis, et manque d'une agilité d'adaptation immédiate à chaque syllabe. Son Invito est par contre très bien enlevé. La diction d'Ingrid Perruche manque un peu de finesse pour sa Grande coquette. Elle semble ouvrir son aigu trop largement en bouche.
De Berlioz, on a pu comparer deux versions de la superbe Captive orientale, avec ou sans violoncelle.
À écouter le 9 février sur France-Musique.
Alain Zürcher