The Turn of the Screw

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Ce Tour d'Écrou est à nouveau un choix excellent dans la programmation du théâtre de l'Athénée. On y retrouve le même dépouillement qu'à Angers en 2003. Sur les murs de la cage de scène vide, de sombres arbres dénudés en noir et blanc, superposés au fond à un motif de papier peint. Des accessoires emblématiques de l'enfance : un cheval de manège rouge, un pupitre d'écolier, et deux lits qui descendent des cintres. Tout repose donc sur le jeu d'acteurs, qui est le plus souvent à la hauteur. L'oeuvre se resserre en "tour d'écrou", comme l'orchestre d'abord un peu disloqué qui acquiert un ensemble de plus en plus fusionnel, jusqu'à faire oublier le son grêle de son piano droit. Les chanteurs aussi sont de plus en plus engagés dans leurs personnages.

Internationale, la distribution est dominée par un David Curry parfaitement idiomatique de timbre, de style, de physique même ! Familier de Gilbert & Sullivan, c'est un voyou inquiétant à la Dickens. Chantal Santon est désormais en pleine maturité, presque parfois un brin allégée alors que sa voix risquait naguère plutôt l'empâtement. Elle campe une Gouvernante saine et énergique - qui fait donc reculer l'hypothèse selon laquelle les fantômes seraient ses propres fantasmes et non ceux des enfants ! Les "fantômes", incarnations des tentations de la chair, sont d'ailleurs bien présents sur scène pour jouer ce "drame psychanalytique".

La Mrs Grose de Rachel Calloway a un bon fond et les pieds sur terre. Étiquetée soprano, elle va parfois chercher une couleur plus sombre par des appuis laryngés discutables. Liisa Viinanen est une superbe vamp qui éclaire Miss Jessel d'un jour nouveau ! Clément Bayet campe crânement son personnage, dont il préserve la neutralité, laissant aux adultes le soin d'analyser et fantasmer. Son interprétation vocale est excellente.

À voir au Théâtre de l'Athénée jusqu'au 16 octobre, puis en tournée à Valenciennes, Lille et au château d'Hardelot de Condette.

Alain Zürcher