La Botte secrète
Théâtre de l'Athénée • Paris • 16/12/2011
Christophe Grapperon (dm)
Pierre Guillois (ms) Stéphanie Chêne (chg) Florence Evrard (sc) Axel Aust (c) Christophe Forey (l) |
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Après Au Temps des Croisades en 2009, les Brigands présentent une nouvelle opérette de Franc-Nohain et Claude Terrasse. Il reste encore beaucoup à redécouvrir parmi les opérettes de ce dernier ! Si toutes sont du niveau de la Fiancée du Scaphandrier et des deux pièces montées par Les Brigands, on se demande pourquoi elles ne tournent pas en permanence sur les scènes françaises ! On avait déjà pu apprécier la Botte secrète en 1997 sur la Péniche-Opéra, alors couplée avec La SADMP (Société Anonyme Des Messieurs Prudents) de Louis Beydts sur un livret de Sacha Guitry - esprit français garanti !
Si la musique de Claude Terrasse coule de source avec dynamisme, sans susciter ni ennui ni surprise, les répliques et le comique de situation de Franc-Nohain sont franchement désopilants. Le rôle décalé du scaphandrier est ici tenu par l'égoutier. « Les égouts de Paris, c'est Venise chez soi ! » Le Prince et la Princesse rivalisent de proverbes : « Celui qui frappe avec le pied périra par le pied ! » Car le postérieur du Prince a été frappé par un pied un soir de 14 juillet, tandis que celui de la Princesse a goûté de sa main (la main du pied). Quoi de plus logique que de rechercher le coupable dans tous les magasins de chaussures de la ville? Les marchands de chaussures doivent être bons pédonomistes ! Le décor est très intelligemment construit : le magasin est en sous-sol, et l'on voit par un soupirail les jambes des passants sur le trottoir. L'enlèvement de la vendeuse (car dans un magasin de chaussures, elles sont très exposées !) est muettement et brillamment mis en scène pendant l'ouverture.
« Que ce soit du daim, de la vache (...) c'est toujours de la peau ! », chantent le marchand et le Prince. Quant à l'égoutier, il chante son premier air avec des rimes en "-usque" (avec quelque licence poétique), et revient avec des rimes en "-uste" ! Décalage oblige, il s'exprime en mêlant la gouaille au langage le mieux construit. Car « Les égouts me dégoûtent » ! La Princesse n'est, elle, pas dégoûtée. Fou-rire général quand elle entonne « Tout à l'égou- ! Tout à l'égou- ! Tout à l'égou-tier ! »
Pour leurs 10 ans, les Brigands font suivre cette courte pièce par une "revue", pot-pourri effectivement lestement chorégraphié, qui regroupe des airs à thèmes bottiers et costumiers. L'ensemble est enlevé et réussi ! Douze chanteurs supplémentiares, déjà entendus au sein de la troupe ces dernières années, se joignent pour l'occasion aux interpètes de ce soir. Un excellent spectacle de fin d'année !
À voir au Théâtre de l'Athénée jusqu'au 8 janvier 2012 puis en tournée jusqu'en février.
Alain Zürcher