Véronique Gens - Tragédiennes C
Opéra Comique • Paris • 10/04/2012
Christophe Rousset (dm)
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Programme sans surprise, puisqu'il s'agit de celui, amplement médiatisé, paru chez Virgin Classics. Troisième d'une série consacrée aux "tragédiennes", qui quitte les rives baroques pour aborder jusqu'au Don Carlos de Verdi de 1867 ! Avec un bonheur extrême, puisque cet air est un des plus captivants, tant à l'orchestre qu'à la voix. Les entrées successives des instruments anciens révèlent comme jamais l'efficacité de l'écriture de Verdi et la beauté des timbres. L'ensemble est superbe de phrasé et d'émotion juste, au point que l'on rêve presque à une intégrale !
Quelques ajouts orchestraux par rapport au disque, pour laisser à Véronique Gens le temps de souffler : l'ouverture de la Médée de Cherubini et celle de Stratonice de Méhul, tragique à souhait mais toujours aérée et "respirante". C'est cette respiration, cette clarté souple et vive qui faisait tellement défaut dans La Muette, donnée parallèlement ici-même dans une conception qui n' a pas évolué depuis l'enregistrement de Thomas Fulton il y a 25 ans.
Un peu serrée et déconnectée de son corps dans les aigus de Gluck et Gossec, Véronique Gens se recentre mieux pour les extraits de Kreutzer et ne décrochera ensuite plus de la soirée - et le public non plus ! La salle est comble jusqu'au paradis, et orchestre et voix sont idéalement adaptés à l'acoustique comme à la taille du lieu.
Excellente diction, noblesse de la ligne, présence du médium, sincérité de l'expression, les qualités de Véronique Gens servent ce programme et tracent une ligne ininterrompue jusqu'à Berlioz et Verdi.
Si Mermet et Massenet ont été écartés du programme, un bis nous permet d'entendre le superbe air d'Herminie d'Arriaga "Mais sur cette arène guerrière… Il n'est plus… Dieux cruels !", issu du deuxième volume de la série.
Alain Zürcher