I Puritani OC
Théâtre des Champs-Élysées • Paris • 16/11/2012
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Orchestre et choeur de l'Opéra de Lyon sont à nouveau invités par le TCE. Nulle mise en scène à Lyon non plus, c'est une version de concert que l'on pourra également entendre sur France-Musique.
Orchestre et chef convainquent moins qu'en 2011 avec les Capuleti de Bellini. Brutaux dès l'ouverture, ils le resteront toute la soirée. Entrée d'Elvira, récit de Giorgio... ces passages et bien d'autres sont privés d'épanchements lyriques, de nuances plus fines. Ce n'est que pour le Qui la voce d'Elvira au deuxième acte que l'orchestre trouve un peu de douceur et de fondu.
Le choeur ne nous offre pas beaucoup de nuances non plus. Or si l'on prive Bellini de sa poésie, il ne reste musicalement pas grand chose.
De beaux moments vocaux sont par contre offerts par les solistes. Techniquement toujours parfaite, Olga Peretyatko est plus engagée qu'en 2011, ou du moins elle ne dépare pas le niveau d'engagement moyen de la soirée. Dmitry Korchak fait très peur en ouvrant et poussant son entrée, mais concentre heureusement son émission par la suite, tout en apportant à son rôle une belle vaillance. Le duo de ses retrouvailles avec Elvira au troisième acte est très excitant, malgré les vilains contre-ré écrits sur "si !" par Bellini - qui ne les imaginait sans doute pas chantés aussi ouverts sur "sè !" et à pleine voix. Bellini ne se fatigue pas mais est dramatiquement efficace quand il reprend pour l'air d'entrée d'Arturo (A te, o cara) le thème de l'air précédent de son rival Riccardo.
Le titulaire de ce rôle, Pietro Spagnoli, est la déception vocale de la soirée. Âgé pour le rôle, il n'y déploie aucun lyrisme. Son timbre mat et plat manque de brillant et de souplesse. Il ne profite donc guère du bel air d'entrée (Ah per sempre) écrit par Bellini, qu'il énonce très prosaïquement. Par comparaison, Michele Pertusi captive dès son entrée, avec des intentions plus justes et affirmées, une vraie présence et un timbre plus intéressant. Au deuxième acte, il montre un parfait legato dans Cinta di fiori. Les deux voix s'accordent cependant bien dans leur duo (Suoni la tromba). Les ensembles sont d'ailleurs réussis ce soir, par exemple la scène suivant le départ d'Arturo avec la reine. Elvira y devient folle, mais l'ensemble est lui très équilibré !
Parmi les plus petits rôles, Daniela Pini est une mezzo qui donne superbement la réplique à Dmitry Korchak dans leur duo. Ugo Guagliardo a un très beau timbre de basse.
À écouter le 24 novembre à 19h sur France-Musique.
Alain Zürcher