Écoutes de Spectacles

Croquefer / Tulipatan

 • Paris • 21/12/2012
Boutefeu (Croquefer) ; Alexis (Tulipatan)  :  Emmanuelle Goizé
Croquefer (Croquefer) ; Hermosa (Tulipatan)  :  Flannan Obé
Mousse-à-mort (Croquefer) ; Cacatois XXII (Tulipatan)  :  Loïc Boissier
Fleur-de-soufre (Croquefer) ; Théodorine (Tulipatan)  :  Lara Neumann
Ramasse-ta-tête (Croquefer) ; Romboïdal (Tulipatan)  :  François Rougier

Après avoir tourné en France, les Brigands viennent présenter leur dernier spectacle parfaitement rodé au public parisien pour les fêtes. Grâce à deux opérettes en un acte d'Offenbach, ils renouent avec le délire décapant du Temps des Croisades en 2009. La première pièce, Croquefer, est également médiévale, ou plutôt moyenâgeuse, époque propice à la caricature et à l'humour noir. La deuxième se déroule dans une petite principauté où la fille du Duc a été déclarée comme un garçon à la naissance, tandis que le fils de son ministre a été déclaré comme une fille. Bien sûr, les deux sont amoureux.
Si l'on ajoute qu'ils sont joués avec un incroyable abattage par les formidables comédiens Emmanuelle Goizé et Flannan Obé, on comprend que l'on passe un très bon moment ! Leur incarnation de personnages très différents entre les deux pièces est par elle-même remarquable. Loïc Boissier, Lara Neumann et François Rougier tirent également le plus grand parti de leurs rôles. Le metteur en scène Jean-Philippe Salério a vraiment tiré tout le suc de ces pièces, en poussant à bout toutes les situations et en utilisant à 100% le potentiel de la troupe. L'adéquation est parfaite entre les talents de chacun et les exigences de leurs rôles. Le français de chacun est d'une grande clarté, avec une mention pour Flannan Obé !

Avec leurs émissions plus lyriques, Lara Neumann dans Croquefer et François Rougier dans Tulipatan se voient confier les passages parodiant au plus près le grand opéra de l'époque. Ce type de comique est inséré sans pose ni pause dans un millefeuilles qui inclut aussi une vraie histoire, du comique de caractère et de situation, de la critique sociale très acérée et une bonne dose de nonsense burlesque qui semble avoir fortement inspiré Gilbert & Sullivan, évoluant avec une mécanique rossinienne emballée vers des cancans et pseudo barcarolles (!) endiablés. Le texte est alors réduit en syllabes ridicules, ou en aboiements pour Mousse-à-Mort, car la censure interdisait que plus de quatre personnages chantent hors de la scène autorisée de l'Opéra ! Et quand un personnage sort sur une phrase qui serait au théâtre insignifiante, il rentre aussitôt la rechanter en trio : « Je vais chercher / Allez chercher les petites cuillères, ça fait très bien à la fin d'un repas ! »

Si les costumes sont riches et amusants, le décor se limite pratiquement à un grand miroir, mais celui-ci permet des effets amusants, faisant par exemple apparaître debout les comédiens qui jouent couchés sur le sol.

À voir pour votre plus grand plaisir au Théâtre de l'Athénée jusqu'au 13 janvier 2013, puis à Saint-Nazaire en janvier... et ensuite, espérons-le, en DVD?