King Arthur
Théâtre de l'Athénée • Paris • 04/10/2018
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Le théâtre de l'Athénée nous offre un festival Purcell et y invite deux productions de l'ensemble BarokOpera de Frédérique Chauvet, dont ce Roi Arthur.
King Arthur a toujours hanté Frédérique Chauvet. On se souvient l'avoir vu diriger cette oeuvre au Théâtre de l'Arche à Tréguier, dans le cadre à l'époque des Académies d'Été de Dinard, avant la création de son ensemble BarokOpera en 2000. La production de ce soir a déjà été présentée ici-même en 2014. Elle revient ce soir dans une distribution vocale renouvelée pour ce qui est des voix hautes. On y retrouve par contre la truculence bonhomme de Pieter Hendriks, qui exagère l'ingratitude de son apparence physique pour en tirer un personnage comique, ainsi que Mattijs Hoogendijk, toujours aussi léger vocalement que solide physiquement.
Oscar Verhaar campe un Tintin désarmant de candeur, qui fascine par le calme imperturbable de ses postures détendues mais parfaitement efficaces. Sa voix de contre-ténor occupe parfaitement le centre musical de la polyphonie de Purcell et assure de séduisantes interventions solistes. La plus délicate est celle qui lui demande de relier ses registres de tête et de poitrine. Aux côtés de l'émission détendue d'Elvire Beekhuizen, Marijje van Stralen présente malheureusement ce soir une émission étranglée en heller Knödel, que l'on espère temporaire. Les ensembles vocaux auxquels elle participe s'en trouvent désagréablement colorés dans l'aigu.
Frédérique Chauvet dirige un ensembble réduit de neuf musiciens. Son interprétation avec un orchestre pus étoffé et une distribution pus fournie est désormais disponible au disque. Comme à son habitude, elle choisit des tempi plus lents que ses confrères. Les contrastes de tempo et d'intensité pourraient être plus marqués.
Côté scénique, la mise en scène de Sybrand van der Werf est encore mieux assimilée et rendue qu'en 2014, sans être affadie par la routine. Elle séduit toujours par son ingéniosité, réussissant à exprimer beaucoup avec peu. Le style et les moyens d'une représentation d'amateurs sont transcendés par la distanciation ironique et la maîtrise des interprètes. La diction anglaise comme le mélange de l'anglais et du français convainquent toujours autant.
Les plus beaux moments de la soirée sont peut-être l'air du froid, magistralement joué et chanté par Pieter Hendriks sortant de son coffre, et le choeur suivant "See, see, we assemble", chanté dans des enveloppes de plastique transparent.
À voir jusqu'au 7 octobre 2018 au Théâtre de l'Athénée. La même troupe donnera ensuite du 10 au 13 octobre Queen Mary, un pastiche de sa création d'après Purcell.
Alain Zürcher