La Traviata
Nationaltheater • Munich • 13/05/2003
Orchestre d'État de Bavière
Choeur de l'Opéra d'État de Bavière Chef des choeurs : Eduard Asimont Frédéric Chaslin (dm) Günter Krämer (ms) Andreas Reinhardt (d) Carlo Diappi (c) Wolfgang Göbbel (l) |
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La Traviata n'est sans doute pas l'opéra pour lequel vous serez venu spécialement à Munich. La proximité de l'Italie pourrait cependant laisser espérer une production plus idiomatique. Au contraire, la seule diversité des dictions et "couleurs" italiennes des différents chanteurs est en elle-même troublante. Sans que l'on puisse juger tel ou tel chanteur vraiment calamiteux, l'ensemble ne dégage aucune énergie, rien d'un travail d'équipe comme celui effectué sur Saul. Personne n'est mauvais, mais personne n'y croit vraiment et le spectacle qui en résulte n'a rien d'italien. La soirée souffre en outre de ses deux entractes, dont le premier déjà après le premier tableau, soit une bonne demie-heure, à un moment où aucune tension dramatique ne s'est encore accumulée.
L'italien d'Elena Kelessidi est un peu martial au début, c'est peut-être sa manière de traduire la vitalité initiale de Violetta, qui au moins n'est pas mourante avant la fin ! Elle chante le premier tableau avec une émission "dans le masque" un peu serrée, à l'ancienne, qui fonctionne bien tant qu'elle chante avec légèreté. Le vibrato s'élargit hélas un peu trop quand elle veut donner plus de poids à sa voix, ce que la position haute de son larynx ne semble pas favoriser. On craint alors pour la suite du rôle, mais à partir du second tableau tout problème de vibrato disparaît.
Roberto Aronica est très bon et sonne très italien. Il n'est simplement pas très expressif, mais devrait pouvoir révéler d'autres ressources à l'avenir.
Paolo Gavanelli, un habitué de l'opéra de Munich ovationné par le public, sonne étonnamment peu italien. Sa voix large mais un peu anémique manque d'harmoniques. Il prend plaisir à soutenir des tempi très lents, mais il en résulte une couleur plus "grand opéra à la française" qu'opéra italien.
Frédéric Chaslin pourrait pousser un peu plus son orchestre, serrer les tempi.
La mise en scène de Günter Krämer est conventionnelle. La seule idée que l'on en retienne est l'isolement de Violetta, souvent laissée seule à l'avant-scène, parfois séparée des autres protagonistes par un voile - qui rend par ailleurs les sur-titres allemands flous et presque illisibles. Le quatrième tableau est le plus réussi, atteignant enfin une certaine expressivité, mais les applaudissements sont bien timides.
Alain Zürcher