Présences #14 : Sit Fast C
Maison de la Radio • Paris • 16/02/2020
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Ce superbe concert démontre la vitalité du consort de violes ! Il mêle en effet des pièces des XVIe et XVIIe siècles anglais et des pièces contemporaines.
George Benjamin, comme Alexander Goehr, son professeur à Cambridge, ont composé pour ces instruments. C'est aussi la création mondiale de Lignes de lumière de Grégoire Lorieux, superbe méditation ou paysage nocturne peuplé de petits bruits, qui à l'inverse de Goehr utilise à merveille les qualités de la viole : ses caractéristiques instrumentales intrinsèques mais aussi celles issues de son histoire. Comme il l'écrit dans le programme : « Il s'agit donc de textures connotées stylistiquement, dont l'écriture est conduite par la construction d'un espace de résonance. » C'est beaucoup plus clair que bien des professions de foi, et surtout cela correspond à ce qu'il a accompli et dont on entend le résultat ! Ce sont de longues tenues graves aux basses de viole, de brefs intervalles joués par le dessus, puis une basse plus agile qui dialogue rythmiquement avec le ténor, lequel tient ensuite une note sous le jeu luthé de la basse. Dans une seconde partie, les archets tombent sur les cordes, des notes sont tenues à longs coups d'archet dans l'aigu, et tout s'évanouit dans un impalpable pianissimo.
Après trois sublimes Fantaisies de Purcell et un long accord des instruments, Upon silence de George Benjamin commence en bourrasque - demandée par le compositeur ou déclenchée par l'impatience de Sarah Breton ? Contrairement aux pièces de Goehr, l'oeuvre est peut-être un peu grave pour elle. George Benjamin tisse entre les instruments une toile assez lâche, faite de motifs et d'harmonies simples, et n'orne de mélismes que de rares vers.
Un magnifique programme et de magnifiques interprètes qui nous entraînent dans leur univers.
À écouter le 3 juin sur France Musique.
Alain Zürcher