Bauer : Schubert - Le Chant du Cygne R
Amphithéâtre Cité de la Musique • Paris • 27/01/2017
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Jos van Immerseel joue sur un fac-simile de sa propre collection, d'un piano Anton Walter de la fin du XVIIIe. Il sonne d'abord très en retrait, puis on s'habitue à son faible volume sonore et on réussit à entendre sa voix dialoguant avec celle du chanteur. En bon chanteur baroque et chambriste, Thomas E. Bauer n'utilise heureusement pas de résonance "opératique" uniforme et forcée. Il séduit par un beau timbre et surtout un phrasé naturel et vivant, porté par le souffle comme écrit plus haut.
Le baryton a beaucoup réfléchi et travaillé sur ses attaques. Il use et abuse d'attaques soufflées mais aussi
de consonnes non seulement anticipées mais exagérément étirées quand elles sont voisées. Cela renforce peut-être
le texte et sa déclamation mélodramatique, mais crée un rubato et une instabilité vite lassantes.
Si ses amorces de phrase sont souvent soufflées et des passages piano détimbrés en quasi falsetto, comme dans Ihr
Bild, les forte sont par contraste un peu forcés, par exemple dans le Doppelgänger.
En bis, on accepte par contre totalement l'enrichissement personnel que Thomas Bauer apporte à An die Musik, dont ses demi-teintes, ses retards soufflés et son rubato renouvellent l'intérêt.
Alain Zürcher