Présences #2 : Quatuor Diotima C
Maison de la Radio • Paris • 08/02/2020
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Après le concert d'ouverture dirigé vendredi soir par George Benjamin, celui-ci est conçu pour le
quatuor Diotima, en résidence pour trois ans à Radio France.
Tom Coult accroît les possibilités de joure les cordes à vide en accordant le second violon un demi-ton plus bas
et l'alto un ton entier. Il explore aussi les différents modes de jeux, pizzicati puis archet, enfin une longue
phrase au violoncelle, qui semble citer le Quatuor pour la fin du Temps de Messiaen, face aux attaques
puis aux pizz vigoureux des autres. Le violoncelle tient ensuite une sorte de bourdon, toujours sous le feu des
attaques forte, avant que la pièce ne disparaisse dans une douceur progressive, un peu inconsistante.
Soutenue par des notes de programme assez fumeuses, la pièce d'Oscar Bianchi paraît plus gratuite. C'est une commande conjointe de Radio France, Festival Now Essen, Muziekgebouw, Huddersfield Contemporary Music Festival, Transit Leuven, avec le soutien du Conseil international de la musique, Pro Helvetia et la Sacem.
Après le court entracte, Tristan Murail nous emporte dans un fascinant développement sonore quasi continu et le plus souvent dépressif. Peu de jeu rythmique, peu de dialogue, peu de contrepoint, mais quelque chose comme une plainte de consort de violes, interrompue par de rares élans batailleurs, des stridences désespérées et des pizzicati inéluctablement répétés, comme des égouttements de temps, de la vie qui s'en va...
Apothéose du programme, la création française d'Augusta Read-Thomas fond les timbres et les modes de jeux des quatre cordes et de quatre percussions. Les percussions ont le dessus sur les cordes en pizzicati, mais le quatuor propose ensuite quelques sons tenus et enfin des phrases romantiques soutenues successivement par chacun de ses membres, que les percussions ne font que ponctuer ou enrichir d'un halo de résonance. Un échange rapide et plus équilibré s'engage ensuite. Cette longue poursuite cinématographique, amusante et rythmée, nous conduit d'une traite à la fin du concert.
À écouter le 19 février sur France Musique, et en son 3D sur hyperradio.radiofrance.fr.
Alain Zürcher